Je vis depuis près de vingt-neuf ans avec mon doux et tendre. Vingt-neuf années d'amour, de respect, de liberté, d'entente, de désir, d'harmonie, de complicité, de soutien. Vingt-neuf années sans conflit. Quand il nous arrive (rarement) d'avoir un point de friction, nous en parlons, suffisamment vite pour que rien, jamais, ne se soit envenimé. Vingt-neuf années sans la moindre scène de ménage. Sans vaisselle cassée.
Je me croyais à l'abri. Jusqu'à... mais bon. Je n'imaginais pas que j'aurais un jour une scène de ménage avec mon fils...
Depuis sa plus tendre enfance, Chaton casse la vaisselle. Il ne fait pas exprès, bien sûr, mais il ne fait pas attention (c'est un euphémisme!). En débarrassant, en rangeant, en ouvrant le placard, en passant à côté de l'égouttoir, voire en regardant une pile en équilibre...
J'aime bien les beaux verres - mais nous avons une immense collection de duralex. J'aime les beaux bols anciens - mais nous faisons dans la faïence blanche ordinaire. J'aime les vases - et j'en demande à chaque noël, anniversaire, fête... pour être certaine de pouvoir mettre mes bouquets.
J'aime les cafetières. Je fais le café "filtre", en versant moi-même l'eau de ma bouilloire qui frémit sur le gaz sur la mouture préalablement humectée. J'utilise donc une cafetière en faïence, régulièrement cassée elle aussi, et dont le couvercle est généralement cassé nettement plus vite, dans les deux mois qui suivent l'achat.
Là, j'étais contente, j'en avais acheté une très jolie, assez grande, pas chère, avec un couvercle impec' qui ne tombait pas quand on servait le café.
Avant-hier soir, Chaton débarrasse la vaisselle propre. En voulant prendre cinq tasses et trois bols d'un coup, il casse deux tasses. Râle. Range les trois restantes et les trois bols. Je m'énerve, et lui dis que ça n'arriverait pas s'il acceptait de faire plus de voyages entre l'évier et le placard. Il proteste, tout en prenant deux autres tasses, cinq assiettes, un égouttoir, une poële et le couvercle de ma cafetière qu'il pose en équilibre sur les tasses. Je râle, attrape le couvercle au vol et fais remarquer à Chaton d'un ton acerbe "
cause toujours tu m'intéresses..." Lequel réagit en hurlant "
mais qu'est-ce que t'as à m'agresser comme ça, ce soir?"
Là, je craque! "
Tu te fous de moi? Regarde la pile que tu as dans les mains, tu cherches vraiment à casser la vaisselle? Tu me fais chier! Tu me fais chier!!! Tu tiens à casser? Eh ben c'est pas la peine!!!"
Et je reprends le couvercle de ma cafetière que je viens de poser sur la table, et le fracasse de toutes mes forces sur le carrelage...
Allez... à pluche!
M'ados*
(quand je vous disais que ça me rend nerveuse, l'élection de l'autre zouave...)