29 novembre 2007

Inconfort inconfortable

Je plagie mézados, qui déclarent souvent, quand je prends une décision qu'ils estiment arbitraitre : "c'est de l'injustice injuste !"
Oui, je suis dans une situation inconfortable. Je souhaite utiliser ce blog librement, pour me plaindre. Or, ce jour, j'ai envie de me plaindre de Princesse - mais elle lit plutôt régulièrement ces pages, et je dois donc en tenir compte...

Ma petite Princesse chérie d'amour, tu as bien lu, je vais me plaindre de toi, ici-même, mais tu sais, j'ai deux raisons à ça.

La première, c'est que je ne peux pas, décemment, ne me plaindre QUE de Chaton. Ca la fout mal, dans un blog respectable de "parent", lu par des "parents", de faire ainsi une telle différence entre ses rejetons (ce serait de l'injustice injuste!...) Donc, il faut bien, de temps en temps, que ce soit ta fête...

Avant d'exposer la deuxième, je tiens à te dire, ma petite Princesse chérie d'amour que j'aime tout plein, que je sais bien que ce tout petit reproche que je vais exprimer à ton égard n'est rien par rapport aux compliments innombrables qui te sont dûs, et que ce très minuscule défaut est vraiment quantité négligeable au vu des immenses qualités dont tu fais preuve au fil des jours, et dont je ne me lasse pas de louer la constance. De plus, je suis intimement convaincue que, dès que tu auras lu cet article, tu n'auras de cesse d'éliminer cette microscopique tache, afin de tendre vers cette perfection que nul ne sera plus en droit de te contester.
Ben... voilà : Ma Princesse, tu es susceptible...

27 novembre 2007

Bi(cul)ture

En rentrant de réunion, je m'aperçois que Chaton a essayé de m'appeler il y a 10 minutes. Qu'est-ce qui se passe, encore?... s'il m'appelle du lycée, à une heure où il devrait être en cours, c'est qu'il est collé, ou qu'il est dehors entrain de manifester, ou qu'il vient d'être convoqué chez le proviseur et qu'il préfère m'annoncer lui-même la catastrophe... Courage.
- allo, Chaton?
- salut, ça va?
- ouais, et toi?
(je frémis...)
- ouais, tu sais d'où j't'ai appelée?
- non...
(je blêmis...)
- d'un endroit qu't'adores et qu'on a visité ensemble... la Tapisserie de X.!
- ah ouais? vous faites une sortie aujourd'hui? C'est super!
(je respire!)
- ouais, c'est génial, elle est vraiment trop belle!
- veinard, va!... tu sais, ça me fait penser, j'ai réalisé l'autre jour que je vous ai jamais amenés à la Cathédrale de Y... on en a parlé plein de fois, mais on l'a jamais fait. Faudrait le faire.
- ben tu sais, j'y suis déjà allé, moi...
- ah ouais, c'est vrai, j'avais oublié.
- mais tu sais, on pourra y retourner ensemble... à vrai dire, j'en garde pas trop de souvenirs!
- ah ouais, c'est vrai?
- ben ouais... Tu t'souviens pas pourquoi?

Si, si, ça y est, ça me revient... Oh que oui...
Chaton, lors de sa première 2nde, faisait partie de la chorale du lycée. Laquelle chorale a donné un concert en la Cathédrale de Y., le Requiem de Fauré. Mais pas Chaton. Pourtant, il est allé à Y., avec les autres. Il a pris part à la répétition générale, avec les autres. Puis il est allé se promener en ville, comme les autres. Puis il a acheté une bouteille de vodka, avec quelques autres. Puis il l'a bue quasi tout seul... Puis il a vomi partout dans la sacristie, en tenant des propos quelque peu incohérents et vaguement anticléricaux. "Dispensé" de représentation, il a cuvé sur un banc... en ronflant en ré mineur. Pour autant, "qu'est-ce que c'est beau, Manman, le Requiem de Fauré!"

22 novembre 2007

Morceau de choix

Manman : Chaton, c'est fou, tu as grossi cette semaine...
Papa : c'est d'être à la maison à se tourner les pouces. Et tu verrais le coup de fourchette!
Chaton : c'est vrai? non... eh, c'est même pas vrai, d'ailleurs je ne fais que 81,8kg d'après la balance.
Princesse : 81,8kg de trop...

L'heure H.

En fin de semaine, j'ai assisté aux obsèques de mon amie H.
Mon amie H. est morte quelques jours avant son 71ème anniversaire. Elle était gravement malade, et ça n'a pas été une surprise.
Je veux parler d'elle ici, et de notre relation, parce que je l'ai connue quand j'avais 15 ans, j'étais une ado, et ma vie aurait certainement été différente sans cette rencontre...
Elle avait juste 20 ans de plus que moi. Cela nous amusait, j'avais juste 10 ans de plus que son fils, et son père avait juste 30 ans de plus qu'elle. Nous avons souvent rêvé de faire un grand anniversaire de dizaines...
Elle était prof dans le lycée où j'étais élève. Elle n'était pas ma prof, mais je l'avais remarquée, elle m'avait remarquée, et nous nous sommes retrouvées un jour tout naturellement assises ensemble à une table de café à refaire le monde...
Elle était à la fois adulte et très proche: jeune divorcée avec deux enfants, mais avec un coté totalement déraisonnable qui me ravissait. Chez moi, lui plaisaient mon côté radical et jusqu'au boutiste (et oui... Chaton n'est pas le fruit du hasard!), et mon profond manque de sérieux (Princesse non plus!).
Nous avons fait les quatre cents coups ensemble (ne comptez pas sur moi pour vous raconter par le menu, c'est un blog sérieux, ici!... et lu, occasionnellement, par mézados à qui je m'en voudrais de donner des zidées...)
En vrac?
C'est elle qui m'a fait découvrir l'Italie, en m'emmenant avec ses enfants, dont j'étais la baby-sitter en titre, chez sa belle-mère passer une semaine. Nous avons cru mourir, ses enfants et moi, lors de notre ascension de l'escalier en bois du Campanile de Vérone, lorsque les cloches se sont mises à sonner...
C'est avec elle que je suis allée pour la première fois dans une boîte de jazz. J'avais déjà assisté à moult concerts, mais j'étais trop jeune pour qu'on me laisse entrer dans un club - sauf accompagnée... C'était Le Chat-qui-Pêche, je précise pour les nostalgiques.
Nous sommes parties un soir toutes les deux de Paris, quelque peu émêchées, avec sa deux chevaux, assister au lever du soleil à la Pointe-du-Raz... pour nous apercevoir que, de façon parfaitement arbitraire, le soleil se lève à l'Est et non à l'Ouest - et que de plus, pour voir le soleil, il faut qu'il arrête de pleuvoir...
Elle m'a fait découvrir Cannonball Adderley, je lui ai fait apprécier John Coltrane.
Elle m'a ouvert à la littérature sud-américaine, je lui ai recopié sur un cahier Jules et Jim de Henri-Pierre Roché.
Lors d'un déménagement, j'ai cassé d'un seul coup toutes ses assiettes en porcelaine en m'assommant avec un porte de buffet ouverte et... en lâchant le carton.
Nous n'avions pas de secret l'une pour l'autre, et du haut de mes 15 ans je lui donnais des conseils sur le choix de ses amants, et jouais la blasée quand elle me parlait de sexualité.
Quand elle a eu une crise de paludisme à 41°5 de fièvre, c'est moi qui l'ai soignée tout en m'occupant des petits. Cette fois-ci, ils ont voulu m'apprendre à faire du patin à roulettes - mais nous rigolions tellement à chacune de mes chutes que j'ai abandonné (je ne sais toujours pas - c'est l'une de mes grandes hontes!)
Elle m'a emmenée dans sa famille, j'ai passé un inoubliable Noël dans le Nord auprès des siens. J'ai découvert les chicons, le "vous" quand on s'adresse à ses parents, la chaleur d'une famille nombreuse, et la Belgique. Elle m'a aussi emmenée passer quelques jours chez ses vieilles tantes qui préparaient la gelée de groseille à froid...
Entre deux déménagements, elle a habité chez mes parents pour quelques semaines. Elle a souvent passé Noël, seule ou avec ses enfants, avec nous.

La vie nous a séparées... la vie, et une "amie" commune - je n'insiste pas et vous laisse imaginer. Puis nous nous sommes retrouvées il y a quelques années, avec un plaisir intact...

Lors de ses obsèques, j'ai revu ses frères et soeurs, l'une de ses tantes, et surtout ses enfants que je n'avais pas vus depuis plus de vingt ans. C'était extrêmement émouvant. Son fils m'a présenté à ses propres enfants. Il leur a souvent parlé de moi. Quand il était petit, il voulait m'épouser. J'étais, leur a-t-il précisé, sa "nounou de coeur"...
A ce sujet, à un moment, une jeune femme et un jeune homme se sont approchés de moi... leurs parents, amis de mon amie, ont été ses voisins pendant quelques mois, et je les avais gardés quatre ou cinq fois. Il semble que j'ai été une baby-sitter appréciée et "marquante"...

Je n'aime pas les cérémonies religieuses, et je n'ai pas aimé celle-là. Arrivée très légèrement en retard, j'étais isolée - et j'ai passé ce moment à penser à H., à son amour de la vie, à son rire, à ses frasques, à sa culture, à sa générosité... et à tout ce qu'elle m'a permis de découvrir. Amitié et richesse...

Je souhaite de tout coeur à mézados de rencontrer leur H...

18 novembre 2007

Petits maux et grandes phrases

Nous ne voyons pas renaître la contestation étudiante sans inquiétude, tout en étant fort critiques vis-à-vis de la loi Péqueresse.

Certains se souviennent des déboires de Chaton suite à sa participation active aux actions anti-CPE...
Nous avons longuement discuté des risques qu'il prendrait à participer à de nouvelles actions. Il en a convenu, et nous a garanti qu'il se tiendrait à l'écart cette fois-ci.
Jeudi, coup de fil du proviseur de son lycée, pour nous informer du fait que Chaton avait été pris à distribuer des tracts à la porte de l'établissement. Dehors, d'abord, puis dedans, après l'intervention d'un pion lui faisant remarquer qu'en tant qu'interne il n'avait pas à être dehors. Ce proviseur, ne souhaitant pas que son lycée (d'habitude à l'écart des grands mouvements du fait de son public) ne soit entraîné, en a référé aux autorités de sûreté locales. C'en est donc fini du relatif anonymat de Chaton dans cette ville voisine.
Sa réaction : "ben quoi, déjà qu'vous voulez pas que j'aille manifester, si en plus j'peux pas distribuer des tracts pour appeler à manifester, c'est n'importe quoi!"
Chaton n'a en rien tiré les conséquences de ce qui lui est arrivé au printemps 2006...
J'ai bien essayé de lui expliquer qu'il existe d'autres formes d'actions que l'action de rue, des actions moins en vue "directe" et tout autant nécessaires, de la préparation, de la coordination, de l'action à long terme (vous ne croyiez tout de même pas que j'allais lui demander de devenir Sarkozyste...). Sa réponse : "j'ai aucune envie de faire le guignol dans un bureau pendant qu'y a des gens dans la rue, enfin merde! De toute façon les RG sont partout."
Attendons-nous donc, logiquement, au pire. Mais essayons prudemment de garder Chaton à la maison ces jours-ci... pratique, la grève des cheminots! Merci, les gars...

Et maintenant, pour ceux qui mettent en doute la capacité des jeunes à utiliser un langage riche et un vocabulaire précis et imagé, j'apporte par l'exemple un nouveau démenti flagrant avec ce dialogue que j'ai eu avec Princesse, hier soir, lorsque les phares de notre auto ont balayé la façade de notre Sweet Home :
- et toi, t'es contente d'habiter dans cette maison-là?
- grave...

14 novembre 2007

Petit plaisir

Hier soir, 22h48.
- allo, Chaton?...
-
(voix chuchotante) Manman? qu'est-ce qui s'passe?
- j'te réveille?
- non, mais j'suis censé dormir... qu'est-ce qui t'arrive?
- c'est un lord anglais qui monte dans un autobus, avec son chapeau melon et son parapluie...
(...)
(rires étouffés de Chaton)
- t'es complèt'ment déjantée...
- bonne nuit, garçon!
- bonne nuit, Manman...

Il est probable qu'une histoire drôle racontée à mon fils interne à une heure parfaitement indue fait plus pour la conservation du dialogue que n'importe quelle discussion "sérieuse"...

12 novembre 2007

Une bonne correction !

Manman, qui trie le linge sale : tu as vu, j'ai fait rétrécir ton pull marron à la dernière lessive...
Princesse, abattue : putain... j'y crois pas, mon pull marron... putain, comment t'as fait?
Manman : ben il était dans le tas du sombre, j'ai pas fait gaffe et il a été lavé avec le reste, à 40°... Tu t'en étais pas aperçue?
Princesse : putain, si, mais ch'croyais qu'j'avais trop grossi, j'me disais, putain faut qu'j'arrête de grignoter entre les r'pas j'rentre plus dans mon pull, putain j'ai trop grossi j'hallussssine...
Manman : Princesse, arrête de dire "putain" à tout bout d'champ, s'te plait...
Princesse : péripatéticienne, ch'pensais qu'j'avais trop grossi!

10 novembre 2007

Très différent

Un bébé, ça vous réveille en pleine nuit.
Un ado, ça vous réveille en pleine nuit même quand il n'est pas là...
Et il est nettement moins facile de se rendormir...

07 novembre 2007

Point de vue

Ce matin de bonne heure, en me brossant les dents, chez des amis qui m'hébergent fréquemment lorsque je reste en ville pour un concert de jazz, mon regard se porte sur l'étendage du linge, couette et draps de petit lit, les jouets au bord de la baignoire, les brosses à dents des petits sur le lavabo... mon esprit divague, je vois mon ami entrain de presser les garçons pour qu'ils se brossent les dents, puis mon amie parlementer avec le plus jeune pour qu'il accepte de s'habiller, puis la discussion qui s'engage pour savoir si la tartine aurait dû ou non être grillée, le beurre ou la confiture, "non pas celle-là!", la chamaillerie entre les deux petits, "finis ton chocolat sinon on va être en retard"...
Et tout à coup, une évidence me frappe: QUEL BOULOT d'élever des enfants! Mais quel boulot!... L'énergie incommensurable qu'il nous faut dépenser...

Oui, OK, on a bien du plaisir, des tas de moments de bonheur et tout. Mais, franchement... si on n'avait pas ça dans les hormones, ce désir de se reproduire veux-je dire, si on n'était pas en quelque sorte aveuglés par une coutume fondamentale, par cette évidence qu'il faut avoir des enfants dans la vie, si la sexualité n'était pas à ce point pleine d'attraits et de satisfactions...
Franchement. Est-ce qu'on accepterait le boulot? L'immense, le gigantesque, le titanesque boulot? Les soins, la formation, les réunions parents-profs, les maladies, les repas, l'attention, l'inquiétude, le guidage? Du 24h/24 ou presque? Du douze mois sur douze? Et pour de nombreuses années? Franchement? Et tout ça, sans même recevoir un salaire?

Allez. Je vous vois venir avec vos commentaires sur combien il est merveilleux d'être parent, "mais regarde la photo d'Hannah et dis-nous si ça ne vaut pas le coup...", on va me parler du bonheur, de l'épanouissement, du sens de l'existence , etc. OK. Soit.

Juste, moi, ce matin, en me brossant les dents, j'ai réalisé que c'est, avant tout, un boulot gigantesque.
Mais bon, j'ai dézados...

A pluche!
M'ados*
(pour satisfaire la curiosité d'aucuns... oui, le concert était très bien, merci!)

04 novembre 2007

Interlude

Hannah la jolie
Alors, elle est-y pas jolie, Hannah Kilifi Ginette, fille de Poupounette et de son chéri?...
(bon... point de pronostics, nos bébés étaient trop jolis aussi - ça ne les empêche pas d'être des zaffreux zados!)

01 novembre 2007

Instantané

Echange, ce soir:

Chaton : j'ai pas été gentil tout plein, aujourd'hui?... (Chaton veut sortir encore, ce qui n'était pas du tout prévu)
Manman : si, bon, t'as été chiant, mais pas trop. Et puis, t'as préparé de la marmelade de coings que j'en suis encore étonnée... (Manman va céder)
Chaton : mais j'ai été gentil, non?... (Chaton sent la faille)
Manman : mais oui mon Chaton, t'as été geeeeeeeeeeeeeentil tout plein! (Manman ironise)
Papa: ça dépend avec qui! (journée très tendue entre les deux mâles)
Manman : oui, t'as été vraiment chiant avec Papa (Manman ne veut pas avoir l'air de céder trop vite, et soutient son chéri)
Chaton : même pas vrai, c'est lui qui a été chiant, il a pas arrêté de m'embêter! (Chaton juge, finement, qu'il vaut mieux y aller à l'humour. Il s'approche de son père, ils se prennent dans les bras et s'embrassent)
Papa : si tu savais (le ton est sérieux) comme je suis pressé d'être dans deux ans pour qu'on en reparle et qu'on en rigole ensemble!

Voilà. C'est tout à fait ça. Rentrer la tête dans les épaules, pour éviter les coups trop rudes, faire le gros dos et attendre, attendre que cette @#!*&$@!?"#@! d'adolescence soit enfin terminée!...
Hé hé... ce jour-là, j'arrête ce blog, non?... Youpi!