par ici les commentaires...

03 juin 2006

Humiliant...

Les faits :
Hier, en fin d'après-midi, je propose à Chaton d'intercéder aujourd'hui auprès des parents de Sadouce pour qu'elle vienne passer la soirée. Chaton, ravi, me remercie - mais bon, ce ne sera très certainement pas accordé.
En soirée, conflit à table, Chaton, furieux contre moi pour une histoire de téléphone, est fort désagréable tout au long du dîner. Agressif, répondant, enfin... chiant. Moi, très abattue par ailleurs par son conseil de classe, je réagis plutôt mal, l'envoie promener et finis par lui dire que puisque je suis à ce point incompréhensive, je n'intercéderai pas auprès des parents de Sadouce. On se quitte pas du tout bons amis, vous l'imaginez. Ma pauvre Princesse, d'ailleurs, est sortie de table tellement c'était pénible. Papa est resté calme, et je lui en sais gré.

Chaton reçoit un peu plus tard un coup de fil de Sadouce, et revient aussitôt après vers moi, câlin et caressant, en me tenant le discours "maman, tu crois pas qu'on a merdé tous les deux, ce soir, on ne s'est pas compris, excuse-moi, c'est n'importe quoi cette soirée, il faut qu'on en parle".
Je suis absolument d'accord...
Le hic : l'unique raison pour laquelle il est revenu si vite vers moi, conciliant, est qu'il a appris de Sadouce qu'elle pourrait venir... et comme il a très très envie qu'elle vienne, il faut absolument qu'il obtienne mon accord - et donc rentre dans mes grâces.

Pourquoi humiliée?
Vous avez le factuel.
J'ai eu tort, très certainement, d'avoir "puni" son attitude en lui disant que je n'intercèderai pas.
J'ai tort, très certainement, d'avoir le pouvoir de dire "oui" ou "non" à la venue de Sadouce - mais il se trouve que c'est moi qui me paie les 60km aller-retour pour aller la chercher en ville...
J'ai eu tort, absolument, d'être atteinte par ce conseil de classe.

Mais pourquoi, comment en sommes-nous arrivés là?

Je suis profondément humiliée d'avoir permis que survienne une telle situation : mon fils, sans vergogne, vient me "flatter" pour obtenir quelque chose d'après tout parfaitement naturel...

6 Commentaire(s):

Anonymous Anonyme a écrit...

Ce que je ne savais pas avant d'avoir lu ce blog, c'est que la manman se ronge de culpabilité. C'est plutôt nouveau, non? Est-ce juste?

Dans le dernier message, je passe rapidement sur les "j'ai tort". Mais ensuite: "je suis profondément humiliée d'avoir permis que survienne une telle situation".

On imagine l'alpiniste qui écrirait sur son journal de bord: "Je suis profondément humiliée d'avoir permis que survienne ce rocher fragilisé à 600 m du sommet. D'ailleurs je n'aurais jamais dû faire de l'alpinisme, ensuite je n'aurais jamais dû prendre ce chemin inconnu."

Sans ajouter que personne n'a jamais pris un autre chemin, pour la bonne raison que la montagne n'a jamais été escaladée.

Suffit avec les métaphores filées.

Non mais...

3/6/06 14:58  
Anonymous Anonyme a écrit...


Claude Gellée. - La lutte de Jacob avec l'ange.


Id., G. Doré.

Id., Rembrandt.

3/6/06 15:40  
Blogger "Manman" d'ados a écrit...

Là, je me suis fait remonter les bretelles, ou je ne m'y connais pas...

Me ronger de cupabilité... non, non quand même pas!
Mais comme dit Juju dans un commentaire quelque part ailleurs, ces articles sont des "billets d'humeur", et il faut croire que j'avais l'humeur coupable ce jour-là!

Quant à ta jolie métaphore alpine, elle présente tout de même une faille : s'il est vrai que l'alpiniste n'a aucune responsabilité dans la conformation de la montagne, c'est loin d'être le cas pour un parent et son enfant... Non pas tant d'ailleurs d'un point de vue strictement génétique, mais beaucoup plus par le façonnage permanent que sont l'éducation (au sens large) de nos enfants d'une part, et le "mileu" dans lequel nous les élevons d'autre part.

D'ailleurs, je m'en sens tellement responsable (et probablement beaucoup trop - ceci dit sans culpabiliser!), que je suis souvent très fière d'eux (et probablement beaucoup trop - ceci dit en culpabilisant un petit peu...).

Enfin, la métaphore de Jacob luttant avec Dieu : je dois à une crasse ignorance de la chose religieuse d'avoir découvert avec ton commentaire, non pas Jacob, tout de même, mais qu'il s'était battu...

4/6/06 18:23  
Anonymous Anonyme a écrit...

Moui, mais(allez, encore une petite métaphore, pour la route?)on est beaucoup moins Pygmalion qu'on ne le pense avec ses enfants, non? Je ne crois pas beaucoup à ta métaphore du façonnage.

D'abord, les enfants arrivent avec leur nature - de cela je suis très convaincu depuis que j'en ai eu un sur les genoux pour la première fois -, nature qu'on ne peut au mieux que guider un peu, en essayant de ne pas trop gâcher ce dont ils sont capables et en leur donnant les aliments dont ils ont besoin, si tant est qu'on arrive à les déterminer. Là bien sûr on a une responsabilité, je ne dis pas du tout le contraire et je ne dis pas qu'elle est légère.

Ensuite, ça laisse imaginer une maîtrise sur soi-même qu'on n'a guère. On ignore une bonne part de ce qui s'échange des parents vers les enfants, ou plutôt on ne fait que l'entrevoir de temps en temps, obscurément. (Pas toujours avec plaisir pour ce qui me concerne, et assez souvent avec une espèce d'embarras.)

Je n'essaierai pas de justifier pourquoi j'aime tellement ce thème de la lutte de Jacob avec l'ange, ni pourquoi il m'évoque les conflits qu'on a avec ses enfants, comme avec soi-même. Je l'ai toujours trouvé très émouvant (et je voudrais bien voir ce Rembrandt en vrai, un jour). "Et Jacob resta seul. Et quelqu'un lutta avec lui jusqu'au lever de l'aurore. Voyant qu'il ne le maîtrisait pas, il le frappa à l'emboîture de la hanche, et la hanche de Jacob se démit pendant qu'il luttait avec lui. Il dit: "Lâche-moi, car l'aurore est levée", mais Jacob répondit: "Je ne te lâcherai pas, que tu ne m'aies béni." Etc.

Personne ne gagne dans ce combat dans la nuit, mais Jacob y trouve son nom (il est renommé Israël par le "quelqu'un", qui refuse de lui dire son nom). Il en reste boiteux, aussi.

Pour revenir aux faits, ça t'étonne tant que ça qu'un enfant (ou un nado) soit parfois insincère et faux-derche quand ça l'arrange? Tu vas me rendre drôlement jaloux si c'est le cas...

5/6/06 22:31  
Anonymous Anonyme a écrit...

On a l'impression que le père n'est qu'un spectateur ou un acteur sans texte, sans rôle...
La mère semble encore une fois, le centre du monde...
Tout passe par elle, autorisation, accompagnement, réunion, tractation...
A quoi sert le père ?

Les repas de famille servent souvent à vivre ou revivre les conflits non résolus...
Ne pas en abuser !
Et pouvoir manger seul ou à deux !

7/6/06 12:59  
Blogger "Manman" d'ados a écrit...

Mon très cher JF, il te faudra aller à Berlin voir le Rembrandt, à la Gemäldegalerie der Staatlichen Museen... je suppose qu'il est rentré de Tokyo où il était pour une expo spéciale, me dit-on sur le web...
Quant au "guidage" de la nature, mes impressions sur le sujet méritent, comme ça au feeling, d'être développées dans un nouveau message. A suivre donc... pas le temps tout de suite.

L, les repas de famille représentent 80% du temps que nous passons tous ensemble... du fait de mon travail lointain, et des activités nombreuses, foisonnantes et... plutôt extérieures de Papa. Ils sont assez peu fréquents en semaine (déplacements, retours tardifs...), et en général assez brefs.
C'est notre seul espace d'échange réellement commun.
Donc nous y tenons absolument, tous.

13/6/06 19:53  

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