Depuis quelques semaines, Chaton était insupportable. Odieux, désagréable, agressif, râleur, méchant, culotté, envahissant... adolescent, quoi. Après plusieurs jours chez Sadouce, qui nous ont bien soulagés, le retour à la maison a été pire que tout. Je préfère ne RIEN raconter plutôt que d'ouvrir la vanne.
Papa et moi étions très, très perturbés. Envie de jeter notre fils, de ne plus le voir, de ne plus l'avoir, je peux vous dire que c'est perturbant... impression d'échec absolu. Que peut-on faire pour que ça s'arrange, que ça se débloque, dialogue impossible, impasse totale?
Et ben j'ai trouvé. Mercredi, je vais le réveiller gentiment à 11h pour lui proposer de petit déjeuner avec sa soeur et la bande de copines qu'elle a invitées (ses coéquipières d'aviron au grand complet, 12e au championnat de France!)
Je ne réagis pas aux grognements agressifs qu'il m'adresse de venir ainsi troubler son sommeil.
Puis je lui propose, gentiment, de venir en ville avec moi vers midi pour raccompagner certaines des copines, et aller au ciné. Venir avec moi, "
faut voir", aller au ciné, "
non". Là, je ne me vexe même pas et ne l'envoie pas balader.
Un peu plus tard, il vient me voir :"
si on va en ville, on pourra faire les soldes? J'ai b'soin d'fringues". Je ravale mon envie de l'envoyer promener tout net, et réponds "
ok, pourquoi pas". Puis j'ajoute: "
dommage, pour le ciné, je pense que ça te plairait...". Lui: "
c'est quoi encore?..."
Je ne détaille pas, mais ça a continué sur le même modèle. Lui exigeant ou agressif, moi imperturbable et avalant les couleuvres. Zen. Madozen.
Au bilan: un café ensemble, une excellente séance de ciné (il a adoré le film...), l'achat d'une super garde-robe (sarouel noir, tunique vert clair, keffieh vert sombre, il est superbe...), une glace deux boules ("
je prendrais bien passion-framboise, qu'est-ce que t'en penses?"), etc... en résumé, je lui ai fait PLAISIR. Il m'a même embrassée (ce qui n'était pas arrivé depuis des jours!), dans la rue (ce qui n'était pas arrivé depuis des mois!)
Déblocage? Déblocage. Il était heureux, moi aussi du coup, et très vite, étonnamment facilement on a pu parler, de la situation, de notre mésentente, des efforts à faire de part et d'autre, de projets... et le dialogue s'est poursuivi le soir à la maison.
Ouf!