Addiction
Il végète. Il ne fait rien (ou si peu!), il dort, il mange (énormément...), il voit des copains. Il rentre à pas d'heure, fait la grass' mat' jusqu'en milieu de journée (sauf intervention énergique maternelle, qui le "pompe", le "fait chier", "mais enfin fous-moi la paix", "laisse-moi dormir", mais, zen la manman d'ados, décidée, "tu te lèves il est midi passé". Il finit par se lever ronchon et odieux, se nettoie (ouf!), participe au repas - puis il est grand temps qu'il aille retrouver ses copains.
Chercher du boulot? Oui, une visite par quinzaine à l'ANPE locale, qui n'a rien de bien, et un vague coup de fil à passer à un agriculteur qui aurait besoin de cueillir du cassis. "Ben ch'sais pas, Alain devait m'passer son numéro, il l'a pas fait (sous-entendu: c'est pas ma faute) du coup j'ai pas appelé, j'attends qu'y m'le donne...".
Passer le permis? Oui, au rythme d'une ou deux séances de code par semaine, avec entre 8 et 15 fautes par séance (selon son "état"...), alors qu'il a commencé fin février...
Chaton a "raté" l'anniversaire de Princesse.
Le jour même, il devait nous rejoindre au restaurant en ville, où j'avais invité ma Princesse, son Papa étant en déplacement.
Après 1/2h d'attente "Ben tu fais quoi, t'es où?..." "Jo doit aller en ville, Fred m'avait dit qu'y m'emmèn'rait, il est toujours pas là..."(sous-entendu: c'est pas ma faute) "Bon laisse tomber, au mieux t'es pas là avant une heure, c'est plus la peine..."
Le lendemain soir de l'anniversaire, pour le dîner de fête familial, Chaton arrive in extremis (quand tout est prêt, of course...), après l'apéro.
Au moment des cadeaux "Euh... j'ai pas eu le temps de m'en occuper mais tu ne perds rien pour attendre...". Plus tard, en réponse à une remarque acerbe que je n'ai pas pu m'empêcher de lui faire en aparté "Est-ce que je pouvait savoir qu'on le fêterait ce soir, on devait le fêter vendredi!..." (sous-entendu: c'est pas ma faute). Il va sans dire que ce matin lundi, Princesse n'a toujours pas eu de cadeau... mais "elle ne perd rien pour attendre!"
Je m'arrête? Allez... Ça pourrait durer des pages et des pages. C'est monotone, lassant (tu parles!), chiant, usant, je serre les dents (pour me taire, parfois), les poings (de colère), les fesses (de trouille devant les risques qu'il prend...), les paupières (quand le souci me réveille à l'aube LE jour où je pourrais dormir... mais c'est pas sa faute!).
Alors, j'écoute du jazz. Beaucoup. Beaucoup beaucoup. C'est infiniment moins mauvais pour la santé que l'alcool... et ça m'enivre tout autant.
Et j'ai l'ivresse joyeuse, euphorique, légère, optimiste...
Merci, John... merci.
Alabama
John Coltrane (saxophone ténor), McCoy Tyner (piano), Jimmy Garrison (contrebasse), Elvin Jones (batterie), 1963