Ce week-end, nous avons passé un cap. Très clairement.
Samedi midi, conflit "ordinaire" avec Chaton, pendant lequel je suis peut-être une peu plus dure dans mes propos qu'à mon habitude.
Samedi après-midi, il décide de remplacer l'aviron par autre chose... Quand je viens les chercher, Princesse et lui, à la fin de l'entraînement, pas de Chaton, personne ne l'a vu. J'essaie de l'appeler, lui laisse un message lui demandant de ses nouvelles - je reçois vers 19h un sms laconique : "
Je V bi1 je rantre pa se soir me cherché pa C pa la peine je vou redonerai D news dan la soiré." (je rassure immédiatement mes lecteurs pointilleux: il a une très bonne orthographe hors sms...).
Pas d'inquiétude, il est de toute évidence allé chez Sadouce... Effectivement, il nous appelle de là, plus tard dans la soirée. Aucun dialogue possible, il ne veut pas rentrer, je lui demande donc de rentrer le lendemain matin par un train vers 9h30, en lui expliquant que dans notre organisation quelque peu délirante du week-end (Papa partant en déplacement, Princesse a rendez-vous en ville avec ses copines pour la piscine, PetiteMère - la manman de Papa - à raccompagner chez elle à 140km de la maison...), c'est le seul moment où je pourrais aller le chercher. Il me répond qu'il verra, qu'il ne peut pas me dire ce qu'il va faire, et qu'il m'appellera le matin.
Dimanche vers 13h, sans nouvelle de lui, je l'appelle chez Sadouce, et m'entends répondre "
tu m'as pas appelé, ce matin, j'ai attendu ton coup d'fil...". Là je rigole, lui fais remarquer que c'est pas mal trouvé pour ne pas se faire engueuler de ne pas avoir appelé, mais que je n'ai aucune intention de l'engueuler: je veux qu'il rentre, c'est tout, parce qu'il a des maths à faire pour lundi, et un contrôle mardi. Nous convenons que je passe le chercher en allant raccompagner PetiteMère, Sadouce habitant à mi-chemin.
Je le récupère donc, après d'ultimes négociations sur place, en piteux état. Triste, fatigué, abattu... Je lui demande si c'était sympa chez Sadouce, s'ils avaient passé une bonne soirée, il me répond qu'il ne pouvait pas passer une bonne soirée "dans ces conditions". Impossible de discuter sur le fond avec PetiteMère dans la voiture. Il est là, sur la banquette arrière, silencieux, morose... Tous mes capteurs de Manman sont en alerte, mon fils est en détresse je dois agir!...
Je commence donc à parler de choses et d'autres, un peu profondes mais pas trop, je m'adresse un petit peu à lui, il me répond par des onomatopées, puis je finis par trouver un sujet (les anneaux gastriques!) qui l'intéresse un peu, et il commence à me répondre, à intervenir, à se "ré-ouvrir", puis il change de sujet, me demande mon avis, propose, écoute: le dialogue est presque rétabli. Assez pour qu'à l'arrivée, on puisse se dire bonjour pour de vrai, se serrer fort dans les bras, s'embrasser...
Il était affamé, épuisé. Pour lui, cette petite fugue avait un ton mineur, dans le genre ré bémol, très sombre. Pour moi, ce n'était pas un drame... juste une étape.
Mais j'ai été inquiète pour lui, réellement, s'il m'arrive souvent d'avoir envie de l'étrangler, je ne supporte pas de le voir souffrir, avoir mal à l'âme...
Le voyage de retour a été merveilleux. Nous avons parlé, beaucoup, construit, fait des projets pour lui, ré-équilibré les devoirs et les droits, nous étions du même côté...
Nous avons passé un cap, disais-je... non pas parce que nous nous sommes réconciliés, ce qui nous arrive fort souvent. Mais parce que pour la première fois, c'est
lui qui a décidé. Il a fait ce qu'il a voulu. J'ai réussi à le convaincre de rentrer pour bosser ses maths, mais il aurait pu rejeter mes arguments. Il avait le choix.
J'en suis tellement, tellement heureuse... pouvoir, non pas lui imposer notre volonté, mais lui exposer nos arguments pour qu'il prenne ses décisions en toute connaissance de cause... en toute responsabilité.
C'est paradoxal, non? Si je reste un peu inquiète par rapport à sa capacité à se montrer "raisonnable", je suis ravie que les cartes soient
enfin entre ses mains.