30 janvier 2008

Instabilité

Plutôt débordée, désolée... et puis, cette idée saugrenue d'attendre que la situation de Chaton soit "stabilisée" avant d'en faire part... comme si un nado pouvait faire dans la stabilité!
Tout relater? Je devrais faire trois messages par jour!
En deux mots, aujourd'hui il est encore au lycée (enfin... a priori, parce que hier, il n'y était plus!), en recherche d'un hypothétique maître d'apprentissage, mais plus à l'internat (viré), et logé dans un foyer de jeunes travailleurs. Hésite entre un minimum d'études et l'errance. Se cherche. Et nous cherche, souvent!...
Fatigant, vous croyez?...

Il y a quelques jours, Papa me raconte la matinée (j'étais allée accompagner Princesse à l'aviron). Plutôt mécontent de Chaton, qui n'a pas du tout "assuré" pour le petit déjeuner de ses copains reçus pour une fête la veille.
Plus tard, Chaton apparaît avec son copain Paul.
Papa, par délicatesse, ne fait pas part de son mécontentement devant le copain, mais glisse juste une légère allusion. Puis Paul s'en va.
Je lance : "tu peux remercier Papa, qui était furax, et qui t'a pas engueulé devant Paul!....
Chaton, non sans bon sens : "c'est surtout Paul que je devrais remercier..."

07 janvier 2008

Poupée

Il y a quelques semaines, il a beaucoup été question de poupées dans certains blogs amis...

J'en avais une que j'ai courageusement décidé de jeter quand nous avons vidé la maison familiale, mon frère et moi, après la mort de Maman. Elle était borgne et unijambiste, couverte de poussière et de toiles d'araignée.
Deux heures après être repartie pour notre campagne, j'ai appelé mon frère pour le supplier d'aller récupérer Chérie dans l'un des sacs poubelles sur le trottoir...
Chérie, c'était le nom que je lui avais donné, à cause de la chanson "Chérie je t'aime, Chérie je t'adore...".

C'était une petite poupée Bella (pour les nostalgiques...), noire de peau - ce qui était rarissime à l'époque, mais mes parents étaient plutôt non-conformistes, et un peu marginaux. Maman lui avait confectionné un costume de French-Cancan, le même que celui qu'elle m'avait fait pour le gala de danse.
Ce costume était dans une espèce de satinette vert olive pour les blondes, et prune pour les brunes. Je trouvais le prune bien plus joli, mais rien à faire, j'étais blonde ("déjà?", feraient remarquer mézados...). Une robe à manches ballons, serrée à la taille avec une large jupe "dans le biais" qui faisait joli quand on tournait. Avec un jupon de coton et des froufrous à l'intérieur (puisqu'on soulevait le tout), agrémentés de noeuds de la même couleur que la robe, et une jolie culotte au-dessus de nos collants noirs, avec froufrous et noeuds aussi. Puis un chapeau style XIXe, noué sous le menton avec une espèce de large rebord en corolle autour du visage, dans la même satinette, orné aussi de froufrous avec les mêmes petits noeuds. Une splendeur, quoi... surtout pour une petite fille de 7 ans à peine.
Nous étions donc anti-conformistes, chez moi. Assez, par exemple, pour ne pas avoir la télé ou ne pas aller au cathéchisme. Assez pour que Maman décide, avec les chutes de tissus, de confectionner une robe identique pour Chérie.

Je repense à la réaction du groupe des mères de mes copines de danse, pouffiasses bien pensantes et bien élevées qui fréquentaient la messe et faisaient dans la bienfaisance, connasses de première, elles dont les filles étaient toujours coiffées impeccables et habillées de robes bien repassées et tirées à quatre épingles avec des souliers bien cirés ou vernis... Je repense à leur réaction le jour où, fière comme tout, j'ai ramené ma Chérie avec moi à la répétition...
"Plutôt que de faire une robe pour la poupée, elle aurait pu s'appliquer un peu plus pour faire la robe de sa fille..."
J'étais un peu plus loin, quand ça a été dit. Mais pas trop, pour que j'entende... S'en est suivi un échange sur la façon dont nous étions élevés, mes frères et moi.

Heureusement pour moi, j'avais déjà conscience de notre "marginalité", et je l'ai pris de haut : je les ai royalement méprisées, ces médiocres...

Cet épisode, qui m'était complètement sorti de la tête, m'est revenu, il y a plus de dix ans, alors que je marchais dans la rue avec une belle amie qui me lit, ne commente jamais et se reconnaîtra... C'était l'été, elle avait un chemisier à manches courtes, et la bretelle de son soutien-gorge de satin prune a glissé sur son joli bras... Du satin prune, juste comme celui de la robe des brunes... Le coup de la madeleine que ça m'a fait!
Sur le coup, ça a été comme une vanne qui s'ouvre, je lui ai tout raconté, la poupée, le gala de danse, les pouffiasses, tout...

J'y ai repensé, souvent, depuis. A chaque fois, c'est surtout une colère monumentale qui me vient, non pas de ce qu'elles ont dit, mais de ce qu'elles l'aient fait devant moi, sans se soucier de ce que je pouvais ressentir, voire par pure perversion...

Et si j'y ai beaucoup repensé, ce n'est pas en m'appitoyant sur la petite fille que j'étais. Je l'ai dit, j'avais le cuir solide - et l'ai pris de haut, même si ça m'a encore plus conforté dans la marginalité.
Mais l'idée que l'on puisse faire ça à un enfant, à n'importe quel enfant, voire à mes enfants, me rend malade. Là, j'écris, mais je bouillonne, j'ai le poil hérissé, le coeur à 180... plus de quarante ans plus tard...

04 janvier 2008

Rantanplan

Juste pour vous rassurer quant à ma survie à l'occasion de ces calamiteuses "fêtes" de fin d'année... une petite anecdote technologique.

Mon doux et tendre a reçu en cadeau, pour &#@!&@#?! Noël, un GPS (ou Global Positioning System, ce petit écran qui vous indique la route à prendre pour aller d'un point à un autre, ou vice-versa).
Aussitôt, nous avons décidé de lui donner un petit nom, plus poétique que GPS. Du genre Totor ou Albert.
Finalement, c'est Rantaplan.

Je dois vous expliquer que nous habitons en pleine campagne. Donc, nécessairement, au bout d'un chemin. Et, par conséquent, dans un cul-de-sac.

La première chose à faire, pour paramétrer un GPS, est de lui indiquer l'adresse de notre domicile, qui est a priori l'une de nos destinations favorites quand nous sommes ailleurs (sauf adolescite aigüe), et notre point de départ quand nous ne sommes pas ailleurs.
Ce fut fait.

Depuis, à chaque fois que nous lui indiquons une destination quelle qu'elle soit, au départ de la maison, il nous déclare, de sa superbe voix mélodieuse (Catherine ou Jacques) :
"Faites demi-tour dès que possible, et tournez à droite..."